Dans une interview de rentrée, le Député de Saône-et-Loire cible l’extrême droite et l’extrême gauche. Il évoque l’industrie et se félicite de l’embellie générée par le nucléaire. Il revient sur la loi retraite et évoque les textes à venir au Parlement. Il évoque aussi la question de la Maternité du Creusot, indispensable entre Chalon sur Saône, Autun et Nevers.
Comme avez-vous vécu la 1ère année de mandature, depuis les élections de juin 2022 ?
REMY REBEYROTTE : «Je l’ai vécue difficilement, dans la mesure où maintenant on a plus de 160 députés issus des deux extrêmes, de l’extrême droite et de l’extrême gauche ; Cela rend l’assemblée nationale beaucoup plus difficile à mettre en situation de travail.
Je l’ai vécu d’autant plus mal, que j’estime que c’est une faute politique d’avoir institutionnalisé les extrêmes».
Que voulez-vous dire ?
«L’extrême droite, en leur proposant deux vice-présidences de l’Assemblée Nationale, ce que je considère comme une faute politique. Et l’extrême gauche, en leur proposant de prendre la présidence de la commission des finances. Cette présidence pouvait revenir à une opposition républicaine. C’est donc vrai que c’est une assemblée qui est extrêmement complexe, car très travaillée par les logiques des extrêmes».
Il y a pourtant eu des lois votées ?
«Oui on a pu légiféré, et il y a eu un travail extrêmement important. Mais c’est forcément un parlement très 49.3 car il n’y a pas de majorité absolue. Comme cela fut le cas par le passé. Je rappelle que depuis le début de la 5ème République, il y a eu plus de 100 fois l’utilisation du 49.3. Je rappelle que sur les retraites, à neuf voix près, le Gouvernement aurait pu être renversé».
Vous avez songé à démissionner ?
«Non. Mais j’ai été extrêmement déçu par l’absence de campagne nationale de la majorité et ses conséquences, avec l’émergence de deux pôles».
Comment avez-vous vécu les tergiversations des Républicain sur les retraités ?
«La grande difficulté du groupe LR, c’est qu’on ne peut plus parler à un groupe. C’est un ensemble d’individualités. Quand les Présidents Ciotti et Marlex parlent on ne sait plus qui parle ! Certains députés, ont voté la motion de censure, comme Madame Corneloup. Elle s’est d’ailleurs déclarée satisfaite de la 1ère année de mandat, mais elle a voulu y mettre fin, puisqu’elle a voté la motion de censure. Ce n’est pas très cohérent.
A côté il y a d’autres députés LR qui sont très proches du Gouvernement».
Quels sont les votes qui vous ont marqué ?
C’est une année qui a été très riche sur le plan législatif. On a, sur la première année, autant de projets de loi qui ont été votés quand pendant le 1er mandat. Cela veut dire qu’il n’y a pas de frein à légiférer.
En premier lieu, je cite la loi sur les retraites, car elle préserve notre système par répartition. Si elle n’a pas corrigé toutes les inégalités, elle en a corrigé un certain nombre. Je me battais depuis des années, pour que les TUC et les emplois aidés puissent avoir une retraite minimum. C’est un vieux combat. Il y a des gens qui ont fait des contrats, dans les années 80, qui désormais vont pouvoir bénéficier d’une retraite minimale.
Il y a aussi la loi sur la nouvelle assiette des retraites agricoles. La déconjugalisation de l’allocation adulte / handicapés, qui a été portée par l’ensemble des collègues. La loi de programmation militaire, dont on voit les effets immédiats sur la circonscription. La loi sur l’accélération concernant l’énergie nucléaire. Une loi essentielle et je n’ai pas compris l’abstention et le vote contre de Cécile Untermaier, élue NUPES en Saône. La loi sur les énergies renouvelables. Finalement l’année a été riche, avec des lois extrêmement importantes».
Vient-on encore vous parler de la loi sur les retraites ?
«Je n’ai jamais rompu le dialogue. J’ai toujours reçu ceux qui le souhaitaient. Il y un devoir de nous parler, de dialogue. Maintenant les premiers décrets sont parus et beaucoup s’aperçoivent que des inégalités ont été corrigées. On va se rendre que cette loi, certes oblige à travailler un peu plus longtemps, mais loin des pays voisins. Mais en même temps cette loi corrige des inégalités.
Sur la circonscription comment abordez-vous le dossier de la maternité ?
«Pour moi cela pose la question plus large de l’organisation hospitalière, entre Chalon et Nevers. Je suis opposé à l’idée qu’un jour il n’y ait plus d’offre hospitalière, sur l’ouest Saône et Loire et sur l’Est de la Nièvre. Je dis que le GHT, le groupement hospitalier de territoire, de Chalon sur Saône, dont on pouvait espérer qu’en tant que pôle centre il vienne aider les autres centres ; Mais en réalité il dysfonctionne complètement et s’est transformé comme d’autres GHT en France, un outil de centralisation. Il faut casser la logique du GHT de Chalon sur Saône. Et organiser la santé pour cet espace de 175 kilomètres, entre Nevers et Chalon, autour du principal établissement hospitalier privé, mais non lucratif, qu’est l’Hôtel-Dieu du Creusot. Cela en lien avec tous les acteurs du territoire Ouest Saône et Loire et Est Nièvre, c’est-à-dire Autun, Montceau, Le Creusot et Paray. Il faut une charnière.
Ma proposition c’est qu’Autun devienne une périnatalité, en lien avec Le Creusot. Il faut voir comme cela s’organise. Il faut que Le Creusot devienne une Maternité de niveau 2, ,car je crains qu’à l’avenir, les maternités de niveau 1 soient fragilisées. Le danger c’est qu’il n’y ait plus d’offre entre Chalon et Nevers».
Concernant le loup, vous demandez quoi ?
«Je rappelle que le 1er plan était de réintroduire et de sauver l’espèce. Il a plus que bien réussi. On devait être à 500 loups. C’est largement dépassé ; Le nouveau plan doit plus considérer les éleveurs que le loup. Il faut recadrer car on est allé au-delà des 500 loups en France».
Et l’industrie ?
«Je veux souligner l’accélération formidable du nucléaire. Sur notre territoire, quand le nucléaire va, ça aide beaucoup de PMI et de PME à conforter leur carnet de commandes. Ce qui me frappe c’est que l’industrie nucléaire, qui a subi des arbitrages inconséquents, s’est remise en ordre de marche de façon extraordinaire. Elle attire des talents, elle forme. Mais il n’y a pas que l’industrie nucléaire».
Vous pensez à quoi ?
«Le dossier Weldeman / Magasins de la Literie. Il y a aujourd’hui quatre offres de qualité et qui seront examinées dans des délais courts, pour envisager une reprise dans de bonnes conditions».
Qu’attendez-vous de la deuxième année de mandature ?
«J’attends beaucoup de la loi dit France Travail. Avec deux enjeux majeurs. Faire en sorte que l’on adapte l’assurance chômage, à la situation économique. Nous sommes proches du plein emploi. Il faut que le système incite les personnes au chômage à travail. Il faut que notre société remette au centre la valeur travail. Quand on est au chômage, on n’est pas chômeur d’une activité. On doit prendre tout emploi qui se présente, bien sûr en continuant sa recherche d’emploi, en se formant. On n’attend pas un emploi dans son secteur. Aujourd’hui trop d’emplois sont non pourvus.
Deuxièmement si on veut s’assurer correctement et collectivement, une assurance maladie, vieillesse, invalidité, bref faire fonctionner normalement le système, il ne faut pas travailler au noir. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ; Il faut faire tourner le réacteur social. Je pense qu’il faut renforcer les contrôles. Dans une société, quand on est en situation physique et morale de travailler, on travaille.
Il y aussi la question de l’emploi des séniors. Il faut le faciliter, par des adaptations. Nous avons un retard en France. Deuxièmement texte important, celui sur le numérique».
Qu’en espérez vous ?
«Je suis membre de la commission spéciale. C’est un texte majeur. Il parle de la sécurisation et la régulation. Il faut vraiment avancer sur ce sujet ; Il ne doit plus y avoir d’anonymat, dans une société parallèle qui serait celle des réseaux sociaux. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de pseudo, mais que l’on doit être capable d’aller chercher la personne qui ne respecte pas les lois. Des propos antisémites, un propos racistes, des injures publiques, des dénonciations calomnieuses ne doivent pas rester impunies. On a laissé se développer une société parallèle sans règle. Elle a ses qualités, mais aussi ses défauts : La haute et l’impunité.
Escomptez-vous une unanimité ?
«On va voir le comportement des extrêmes. Sur la loi AVIA ils avaient été insupportables. Contre toute régulation. Je crains qu’ils soient moins virulents, car on leur a laissé le temps de s’organiser».
Qy’attendez vous de la loi grand âge ?
«Mon souhait c’est de donner corps au 5ème risque. Il faut mettre les moyens sur le maintien domicile, mais aussi pour les EHPAD qui vont avoir de profondes mutations, car ils devront être plus médicalisées. Pour le maintien à domicile, il y a le statut de l’aidant.
J’en profite pour souligner que Mardor redémarre sous l’angle d’un IME».
Recueilli par Alain BOLLERY