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> Bourgogne Franche comte > BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE
25/10/2022 03:17
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Réchauffement climatique : L’ONF a planté des «pins maritimes», en Saône-et-Loire, dans les Bois de la Ferté et certains approchent déjà le mètre de hauteur

EXCLUSIF : Plantés, à titre expérimental, au mois de novembre 2021 au cœur de la Saône-et-Loire, des pins maritimes sont déjà proches du mètre de hauteur. La preuve que cette essence se plait en Bourgogne du Sud.
On ne sait pas si, en avril prochain, le muguet aura de l’avance, dans les bois de la Ferté, où on vient du Creusot, de Montceau et évidemment de Chalon sur Saône, pour le cueillir ; Mais ce que beaucoup ont remarqué c’est qu’au fil du temps, il a tendance à fleurir de plus en plus tôt.
Forcément, même si certains contestent sa réalité, le réchauffement climatique est de nature à bouleverser les paysages. Et dans quelques décennies, au milieu d’une parcelle d’un peu moins d’un hectare, les promeneurs pourront remarquer des pins maritimes. Oui les mêmes qui ont offert une réputation mondiale à l’immensité de la forêt des Landes. Et pas seulement parce qu’elle vient de subir des incendies XXXXXL.

 
700 pins maritimes plantés sur moins d’un hectare
 
Face à l’évolution de la forêt liée au réchauffement climatique, l’ONF, l’Office National des Forêts, a décidé de planter 700 pins maritimes à titre expérimental, sur une parcelle de La Ferté. Et les premiers résultats sont spectaculaires. «Ils faisaient de 10 à 15 centimètres quand on les a plantés en novembre 2021 et regardez, aujourd’hui, certains font près d’un mètre et la majorité sont au-dessus de 70 centimètres» montre Olivier Pigneret, responsable de l’unité territoriale de La Ferté.
C’est donc dans cette forêt domaniale que l’ONF mène une expérimentation inédite que personne n’aurait imaginée il y a dix ou vingt ans. Force est de constater que les premiers résultats sont spectaculaires. Comme le reste de la Saône-et-Loire et de la Bourgogne, mais aussi une grande partie du territoire national, les Bois de la Ferté ont subi la sécheresse et des épisodes caniculaires au cours de l’été dernier, et vivent un automne en forme d’été indien.
 
Des pertes moins importantes que pour les chênes
 
Alors que l’on a enregistré des pertes de 50% pour les chênes qui ont été plantés à la même époque, comme à Chapaize (lire notre article), ici sur la parcelle choisie par l’ONF à la Ferté, les pertes sont de moins de 30%. Entendez que moins de trois jeunes pousses d’arbres sur dix n’ont pas résisté.
C’est évidemment la démonstration que le pin maritime se plait en Bourgogne du Sud. Pour Olivier Pigneret, ce premier constat représente une vraie valeur : «Il est important de voir comment le pin maritime se comporte ici, pour s’assurer que l’on pourra le planter de façon importante et sans risques. Et le test est pour l’instant concluant. Si tout va bien, ces pins arriveront à leur taille maximale d’ici 40 ou 50 ans. On devrait faire une éclaircie d’ici 12 à 15 ans. La moitié du temps qu’il faut pour des chênes».

Résistant à la sécheresse
 
Le technicien de l’ONF est catégorique : «Le vrai intérêt de cette expérimentation, c’est la résistance à la sécheresse». L’Office National des Forêts ne compte pas se focaliser uniquement sur les pins maritimes. «Prochainement on va aussi tester des plantations de pins de Brucie. C’est un pin de Turquie. On va aussi le faire ici à La Ferté, pour réaliser des comparaisons».
Chacun l’aura compris, les techniciens de l’ONF prépare la forêt de demain. Celle que nous ne verrons pas, mais celle dans laquelle vivront les générations futures. Si la tendance des dernières années et décennies se confirme, les arbres plantés en Bourgogne ne seront plus forcément que des feuillus et notamment des chênes, alors que la Bourgogne est aujourd’hui le deuxième réservoir en chênes et le premier pour ce qui concerne les douglas notamment dans le Morvan.
Bien évidemment le chêne va encore avoir sa place et pour de longues années et sans doute quelques siècles. Mais il est appelé à coexister avec d’autres essences, plus adaptées à l’évolution du climat en Bourgogne du Sud.
 
D’autres insectes et d’autres champignons
 
Dans les bois de la forêt pour l’expérimentation avec des pins maritimes, c’est une parcelle avec un drainage naturel qui a été choisie. Car l’ONF travaille aussi en fonction de la nature des sols.
Avec les pins maritimes, quand des forêts plus conséquentes auront été plantées et auront atteint des tailles de plusieurs mètres, d’autres insectes devraient peupler la Bourgogne et plus particulièrement la Saône-et-Loire. Mais on devrait aussi pousser d’autres variétés de champignons. Ainsi va l’évolution de la biodiversité.
Alain BOLLERY
(Photos Alain BOLLERY)