La Présidente de la Région Bourgogne – Franche-Comté a commenté les
résultats et essayé d’analyser la percée du Rassemblement National. Pas
simple.
«Tout le monde est déçu. On est à un moment historique du pays. Dans un
régime de 5ème République, on était dans une culture d’alternance. C’est
fini. On est presque dans une situation que l’on aurait connue si on
avait mis en place la proportionnelle», lâche Marie-Guite Dufay,
présidente du Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté.
La
conférence de presse qui précède traditionnellement une session de la
Région a donc vu la Présidente commenter les résultats des législatives.
Elle
a d’abord dressé un constat : «Je ne suis pas étonnée de l’arrivée des
députés du Rassemblement National. On a désormais une Assemblée
Nationale à l’image du pays. Une LREM non majoritaire. Une gauche
disparate. Une droite qui essaye de résister. Et un Rassemblement
National qui a un poids conforme à ce qu’il représente.
On passe à
quelque chose, un contexte qui devrait être la culture du compromis et
de la coalition. On aurait besoin d’aller en stage dans les pays
scandinaves ou en Allemagne».
Mais Marie-Guite Dufay souligne avec
force la nuance : «Les coalitions ce ne sont pas des compromissions.
C’est comme cela que ça marche chez nos voisins allemands».
Quand on
lui parle de comparaison avec les divergences qui peuvent apparaitre
dans sa majorité régionale, l’élue répond : «J’ai une majorité qui
nécessite des ajustements en permanence. Cela nécessite du débat et du
compromis. Moi j’ai une majorité, mais il n’y a pas de majorité au
niveau national».
Au risque de heurter, elle poursuit avec des propos
qu’elle veut lucides : «Je n’hésite pas à dire que l’on est dans un
progrès démocratique.
En 1986, que le Front National était rentrée à
l’Assemblée, ça avait un cataclysme. C’est là que j’ai décidé de
m’engager en politique. Ceux qui votent Rassemblement National ne sont
pas tous des fascistes. Le vote RN est alimenté par le caractère
inégalitaire de notre société. Ce qui n’est pas normal c’est que ce
n’est pas la gauche qui le récupère !»
Devant cette nouvelle
situation, Marie-Guite Dufay demande : «Comment on va combattre le
Rassemblement National ? Qu’est-ce qu’on ne fait pas qui a pu alimenter
le RN ? Qu’est-ce qu’il faut faire de plus sur la question de la
ruralité, là où le RN a eu beaucoup de suffrages ?
Dans les bourgs
centres on trouve tous les services et les commerces, et c’est bien
parce qu’il y a eu de l’argent public. Le problème pour moi c’est le
manque de médecins».
Et la Présidente de Région de lancer, un brin
impuissante : «Je ne sais pas comment combattre sur la ruralité qui a le
sentiment d’être méprisée. Il y a un sujet sur les mobilités. Mais on
n’est pas sans rien faire. Il y a de l’emploi qui renait». Et de
lancer : «Il y a trop de riches et les pauvres ne comprennent pas. On a
besoin de lutter contre la précarité».
Vice-président en charge de l’économie, Nicolas Soret ajoute : «Nicolas
Je
suis maire de Joigny et j’ai désormais pour député Julien Odoul. Jamais
il ne parle d’emploi, ni de développement économique. Il a fait des
vidéos devant le commissariat, les gendarmeries, le tribunal. Il fait
des constats et il ne propose rien. Au lendemain de son élection, il
s’est rendu au commissariat de Police de Sens pour annoncer qu’il
proposera une loi sur la présomption d’innocence des Policiers»
Michel Neugnot, en charge des transports poursuite : «Le sujet des mobilités est essentiel.
En
Bourgogne – Franche-Comté, 165 des 200 gares n’ont pas de guichet. Cela
concerne 60.000 personnes. On en fait un sujet, alors qu’il ne l’est
pas pour les voyageurs qui ont d’autres moyens pour acheter leurs
billets de train».
Face au RN et à sa percée à l’Assemblée Nationale,
les élus de la majorité régionale veulent conserver la tête froide. Ce
sera le sens des dossiers financiers à l’ordre de la session. A suivre…
Alain BOLLERY