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02/11/2024 03:17
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Le Creusotin Michel Marti dans l’enfer de Valence : «J’ai vu l’horreur et je redoute que le bilan dépasse les 300 morts… c’est terrible»

Comme d’autres il a décidé de retourner vivre au pays. Il s’est installé dans la région de Valence et avec les précipitations cataclysmiques, il a vu l’enfer et l’horreur. Michel Martin témoigne. Ses propos sont aussi terribles que glaçants.
Le débit de la voix est rapide. Dans le sud de l’Espagne, Michel Marti a le sentiment d’être un privilégié. Comme un certain nombre de ses connaissances et amis qui ont échappé au pire, à la mort. «J’habite un appartement dans un faux premier étage. J’ai eu 50 centimètres d’eau chez moi. C’est rien à côté de l’horreur vécue par les autres».
Même si voir son appartement inondé par 50 centimètres d’eau n’est jamais agréable, les images se heurtent dans la tête de celui qui a passé l’essentiel de sa vie au Creusot.
Né en Espagne, dans la région de Valence, il avait rejoint de Le Creusot avec ses parents et ses frères. Son père était venu travailler à l’usine. La famille établie aux Barraques, c’est-à-dire aux Riaux, s’était agrandie de deux autres garçons. Victor, terrassé par la maladie en 2023, et David, devenu Maire du Creusot et Président de la Communauté Urbaine Le Creusot – Montceau. Les deux se retrouvent chaque été en Espagne. Mais Michel aime bien revenir au Creusot, où il a encore de nombreuses connaissances.


«C'est terrible,. C'est horribl

A 77 ans, cet ancien syndicaliste de premier plan de la CFDT, qui représentait les salariés français d’ArcelorMittal au siège du groupe et qui se rendait ainsi régulièrement à Londres à des réunions avec Lakshmi Mittal, a décidé il y a douze ans de passer l’essentiel de sa retraite à Benetusser, dans la banlieue Sud de Valence. Il est retourné au pays, à quelques dizaines de kilomètres de là où il est né.
Pour parler du cataclysme climatique qui a si durement frappé Valence et sa région, Michel Marti n’a pas de mots à ses forts. «Horreur» revient le plus souvent
«Oui c’est l’horreur ! En plus un semblant de barrage a cédé. D’un seul l’eau est montée. Très vite, trop vive. Une eau venue quasiment d’un seul coup, pour monter jusqu’à deux mètres cinquante de hauteur. Il y a des centaines de voitures amoncelées dans certaines rues. Malgré une mobilisation générale, les secours ne peuvent pas passer – NDLR c’était jeudi -. C’est terrible. C’est horrible. D’ailleurs les secours ont déconseillé à tout le monde d’aller au cimetière vendredi, le jour de la Toussaint, pour ne pas perturber leur travail. Il y a déjà plus de 200 morts et il y a tous les disparus. C’est l’horreur absolue. Je redoute, je crains que l’on dépasse les 300 morts».
 
«…et puis cette petite chinoise de 14 ans, morte pour aller chercher son petit frère»
 
Michel Marti est anéanti par des destins si cruels, qu’ils lui sont insupportables. «Des gens sont morts noyés en voulant aller chercher leur voiture. A 150 mètres de mon domicile, 3 personnes sont mortes noyées dans l’ascenseur de leur immeuble. En voulant descendre dans leur garage pour tenter de sauver leur voiture. Et puis, à 100 mètres de chez moi encore, il y a cette petite chinoise de 14 ans qui emportée par les eaux en furie est morte en voulant aller chercher son petit frère».
Dans la voix du plus Creusotin des Espagnols de la région de Valence, l’émotion est grande. «Jamais, absolument jamais, je n’avais vu ça de ma vie. Il y a ce que j’avais vu à la télé, dans les drames de ce monde. Et il y a ce que l’on a vécu. Si je devais prendre une image, je dirai que c’était comme un tsunami. Comme une énorme vague qui est passée à 500 mètres environ de mon domicile. Vous imaginez quand l’eau monte à deux mètres cinquante, que vous montez sur le toit de votre voiture pour vous en sortir et que vous êtes emporté par les eaux… Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire cette horreur. Ces pauvre personnes ont cru pouvoir s’en sortir et elles n’ont pas pu s’en sortir».
 
«Il y a encore des morts partout»
 
Elles ont vu la mort arriver. C’est juste terrible d’essayer de l’imaginer. «C’est affreux. Les images que l’on voit à la télévision sont terribles. Heureusement il y a une bonne solidarité. Mais quand on voit comment des routes sont bloquées par des montagnes de voitures et même par des camions, on mesure la difficulté des secours.
Valence et sa région étaient jeudi et vendredi encore dans le chaos. Entendez que les secours n’avaient encore pas pu se rendre partout, pour venir au secours de toutes les populations sinistrées, meurtries, en deuil, anéanties.
«Il y a encore des morts partout, notamment dans des voitures, j’en suis convaincu. Et c’est pour cela qu’on va sans doute atteindre ou dépasser les trois cents morts». Il espère secrètement avoir tort. Mais même les plus optimistes sont pessimistes
Alain BOLLERY
(Photos DR)


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