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07/11/2024 16:40
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Jérôme Durain et la lutte contre les narcotrafics : «La sécurité c’est une valeur de gauche»

Avant de partir à Marseille aux côtés de Bruno Retailleau et Didier Migaud, le Sénateur Jérôme Durain avec Olivier Faure, le 1er secrétaire du PS, ont tenu ce jeudi une conférence de presse au Sénat. Pour affirmer les positions du PS. Jérôme Durain a aussi répondu aux questions de creusot-infos.



Jérôme Durain, sénateur de Saône et Loire et Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, ont tenu une conférence de presse, ce jeudi, à la mi-journée, au Palais du Luxembourg, pour parler des narcotrafics. Pour faire part de leurs constats. Mais aussi pour donner les pistes de leurs propositions face au fléau de la drogue.
Jérôme Durain a répondu à nos questions avant le grand rendez-vous médiatique.

                 
Pourquoi cette conférence de presse du Parti Socialiste à la veille du déplacement de Marseille et des annonces par le Ministre de l’Intérieur et celui de la Justice ?
JEROME DURAIN : «Il est important que le PS prenne sa part dans le débat et dans la lutte contre le narcotrafic ; et donne sa position sur ce sujet important qui intéresse et concerte tous les habitants de notre pays».
 
Vos propositions sont-elles différentes de celles qui étaient préconisées dans le rapport parlement, que vous aviez rendu ?
«Nos propositions sur la sécurité, sont dans la ligne de celle de la commission que je préside. Nous avons plus de choses à dire pour ce qui concerne la prévention. La question c’est la criminalité face au citoyen et, aujourd’hui, la place de la drogue dans la société.
Quand nous avons rendu le rapport parlementaire, on pouvait nous dire que l’on exagérait. Mais les derniers événements, partout en France, jusqu’en Bretagne, montrent et démontrent que l’on exagérait pas. Que l’on avait malheureusement raison. L’emprise territoriale concerne aujourd’hui l’ouest du pays qui était plutôt épargne. La progression des narcotrafics c’est incontestablement une tendance très lourde».
 
Comment le Parti Socialiste s’inscrit-il face à ce fléau ?
«Déjà, je l’affirme : La sécurité c’est une valeur de gauche. Nous y sommes attachés. Car la sécurité est malheureusement un droit contesté aux plus modestes quand, par exemple, ils sont directement confrontés à des points de deal. Nous avons notre avis à donner. Au PS on a lancé une convention sécurité qui rendra ses conclusions en mars, y compris sur les narcotrafics».
 
Que préconisez-vous ?
«Premièrement, il me semble important de le préciser, nous sommes à l’unisson de la nécessité d’une approche répressive.
Deuxièmement, nous faisons des propositions sur les autres directions sur lesquelles nous devons travailler, notamment autour de la prévention. Nous devons réfléchir sur les racines sociales. Concernant la cocaïne, il faut bien avoir conscience qu’elle n’est pas consommée que par des bobos. Sa consommation se généralise».
 
Pourquoi ne pas frapper fortement les consommateurs ?
«Mais cela existe, il y a des amendes forfaitaires qui sont d’un montant de 200 euros.
 
Oui mais des accidents sont provoqués par des personnes positives au cannabis…
«C’est vrai. Mais cela l’est aussi pour l’alcool et il n’est pas interdit. Il faut soigner. On sait bien que la prohibition ne marche pas. Sur le cannabis ça ne marche pas. Il y a 368 nuances différentes de stupéfiants. La plupart des consommateurs n’ont pas du sang sur les mains. Il y a un choc d’offres, avec une multiplication par 3 ou 5 de l’offre. Les consommations ne sont pas que récréatives. Elles sont aussi pour tenir dans le travail, avec pour certain un stupéfiant qui est une béquille pour tenir.
Personnellement je suis plutôt hostile à la légalisation. La question, c’est l’efficacité sociale».
 
La vraie urgence alors ?
«Très clairement l’urgence c’est le démantèlement des organisations criminelles».
 
Croyez-vous à une position commune des partis de Gouvernement ?
«Sur le répressif, c’est possible. Sur le reste, il faut voir ce qui est possible, voir les points de convergence».
 
Trouvez-vous que Bruno Retailleau va dans le bon sens ?
«Je suis loin d’être d’accord sur tout avec lui et certainement pas sur l’immigration. Sur les narcotrafics il est très proche du rapport parlementaire que l’on a remis. Il est acquis qu’il est sur notre ligne sur les diagnostics et sur nos propositions. Je serai à Marseille aux côtés du Ministre de l’Intérieur et du Ministre de la Justice, pas comme un supporter, mais au nom de l’intérêt général».
Recueilli par Alain BOLLERY

 

Ce qu’il faut retenir de la conférence de presse

 

Jérôme Durain

  • «Le Gouvernement présente vendredi ses propositions, à Marseille. Marseille d’où est parti cette réflexion sur le narcotrafic. Et je veux le dire, c’est parti de la gauche. Ils avaient demandé une commission d’enquête».
  • «L’actualité c’est le répressif. Le narcotrafic et la consommation de drogue. Ce sont deux sujets différents. Nous ne ferons pas défaut à l’urgence de l’indispensable répression, de tous les acteurs criminels, qui font de l’argent sur le dos des plus pauvres. Nous allons reprendre les propositions de la commission parlementaire».
  • «L’emprise territoriale, ce sont les Antilles et la Guyane, c’est un point essentiel du diagnostic. C’est aussi la France des sous-préfecture, et désormais la France l’Ouest. C’est aussi le phénomène inquiétant de corruption de basse entité. Jusqu’à accéder ) des documents et faire tomber une procédure».
  • «Le tsunami blanc, c’est aussi la puissance financière corrosive des narcotrafiquants, qui leur permet de s’affranchir de toutes les règles».
  • «Il y a une question d’organisation. Il y a besoin de patron. Les Français, quand ils voyaient la figure François Molens, sur le terrorisme, avaient compris que quelqu’un s’occupait du sujet. Eh bien voilà il faut la même chose sur le narcotrafic. Avec une DEA à la française, à savoir une organisation pour coordonner les efforts répressifs. Il faut un parquet national dédié. Car trop souvent des procédures ne sont pas à leur terme. Il faut une forme d’autorité, avec de la verticalité».
  • «Il faut modifier la procédure pennale. Le statut des repentis qui est un outil puissant ; s’interroger sur les nullités de procédure ; Permettre à nos forces de l’ordre de jouer à armes égales avec les criminels. Aujourd’hui ils sont trop souvent les faibles face aux forts que son les criminels. Il y a aussi le blanchiment, car on voit bien que les opérations place nette, à grand renfort de communication, ont produit des effets assez médiocres, avec un retour assez éphémère de la République sur les territoires, avec très vite une reprise du deal et des activités criminelles. Il faut s’en prendre au haut du spectre, jusqu’à Dubaï, avec saisie des avoirs criminels».
  • «Concernant la corruption de basse intensive elle porte atteinte à notre administration.  Et puis la prison est devenue un point de passage, un accident de parcours professionnel. On a appris que l’on pouvait continuer à gérer un trafic depuis la prison, commanditer des assassinat».
  • «Le Parti Socialiste prendra toute sa part dans la lutte contre la cirminalité. Mais une fois que l’on a fait cela, on n’a fait que la moitié du chemin. Nous devons travailler sur le sanitaire, la prévention avec des campagnes très insuffisantes. Mais aussi un sujet de racine profonde de la consommation de drogues. C’est aussi parce qu’il y a une souffrance sociale, de la pauvreté, mais aussi parce que les services publics ont disparu dans les quartiers. Il y a un sujet éducatif. Il faut résoudre les problèmes de fond».
  • «Le volet de prévention est indispensable, faute de quoi on fera du répressif plus efficace, sans avoir résolu le problème de fond. C’est un enjeu qui est devant nous. Nos travaux dans le cadre de la convention sécurité permettront d’apporter des réponses».
  • «Pour lutter contre les trafics, il faut savoir que la marine espagnole peut araisonner des bateaux et saisir le produit. La marine française ne le peut pas. C’est la compétence universelle. Nous ne l’avons pas. Nous proposons dans la cmmission d’enquête de nous en doter».

 

Olivier Faure

  • «Je veux saluer la lucidité et la détermination du groupe socialiste au Sénat qui a initié et demandé cette commission d’enquête, avec les conclusions que Jérôme Durain a exposées».
  • «Nous menons, face au crime organisé, une guerre assymétrique dont on ne sait plus très bien qui est le faible et qui est le fort. Cette guerre suppose toute notre énergie et notre volonté. C’est tout le PS et toute la gauche qui doit s’engager dans ce combat, qui sera long et difficile, face à un adversaire, un ennemi, qui a fait de l’exploitation humaine sa caractéristique et qui agit comme une pieuvre. Avec l’ultra violence, avec le grand banditisme, le trafic d’armes, la prostitution. C’est la déstructuration de la société française, avec des quartiers pris en otage, avec des enfants qui sont les proies de ce commerce. Des jeunes de plus en plus jeunes, jusqu’à devenir des tueurs à gage. C’est la corruption qui peut atteindre tous les niveaux. Tout le monde a un prix. On est face à de l’argent qui coule à flots»
  • «Je pense aussi à la santé publique, car c’est une question à traiter, avec de plus en plus de consommateurs qui mettent leur vie en danger ; Ils doivent être traités comme des malades».
  • «Le narcotrafic c’est une puissance phénoménale, avec plusieurs milliers de points de deal, 250.000 personnes qui en vivent directement et entre 3,5 et 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires généré chaque année. Face à cette puissance, il y a la faiblesse de la réponse de l’Etat, celle des élus locaux qui ne sont pas armés et qui demandent à être accompagnés ; Comment est-il possible d’abandonner nos maires»
  • «La question c’est de mettre de moyens, plutôt que de faire le buzz. D’abord se poser les bonnes questions, et apporter les bonnes réponses. Ce n’est pas de faire du chiffre. C’est traquer les gros bonnets et soigner les victimes du système. Soigner et prévenir ceux qui sont les consommateurs d’aujourd’hui et de demain».
  • «Il y a deux sujets à traiter différemment. D’un côté, les capitalistes les milliardaires du narcotrafic et de l’autre côté les victimes du narcotrafic. Victimes comme consommateur, parfois d’un engrenage, en passant de guetteur jusqu’à cadre supéreiur. Prévenir, sanctionner et guérir».
  • «Aux Antilles, il y a incapacité à juguler les trafics, faute de moyens».
  • «Il faut frapper la tête de la pieuvre. S’attaquer aux gros bonnets ; La politique du chiffre s’attaque au bas de la pyramide».
  • «La gauche s’est toujours battue pour l’émancipation. La drogue ce n’est pas l’émancipation».
  • «La réputation de la gauche entretenue par la droite et l’extrême, c’est que nous sommes laxistes. La gauche ce n’est pas le laxisme, mais la volonté de se battre contre toutes les formes de criminalité. Le premier acte sera l’adoption du projet de loi en janvier».
  • «Nous devons dire aux quartiers populaires que nous allons agir en profondeur».

A.B.



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