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10/06/2025 03:18
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Jérémy Decerle : «Entre le loup d’un côté et les femmes et les hommes de l’autre, la classe politique n’a pas choisi son camp»

L’ancien parlementaire européen suit l’actualité au jour le jour, notamment pour ce qui concerne le dossier du loup. Dans une interview, il dit ses quatre vérités et place les parlementaires face à leurs responsabilités. Pour lui, entre le loup et les éleveurs, les Députés doivent choisir.
Alors que le conseil de l’Europe vient d’approuver définitivement le nouveau statut de protection du loup (cliquez ici), l’ancien parlementaire européen Jérémy Decerle, qui est aussi éleveur charolais, dit sa façon de penser dans une interview. Il en appelle à l’esprit de responsabilité des Députés français
 
Quel regard portez-vous sur le sujet de la défense du loup ?
JEREMY DECERLE : «Derrière les défenseurs du loup, il y a une idéologie. Mais le dossier du loup c’est d’abord une réalité bien différente de celle que les défenseurs du loup veulent nous imposer».
 
Que voulez-vous dire ?
«La réalité c’est qu’il y a des femmes et des hommes dont le travail est mis à mal par le prédateur. Il y a une économie, avec des gens qui travaillent beaucoup. Il y a des femmes et des hommes qui sont impuissants face aux attaques du loup et qui perdent le moral. Et cela ce n’est pas bon et pas bien. 
On ne peut pas l’accepter sans rien dire. Je considère que la classe politique dans son ensemble, entre le loup d’un côté, et les femmes et les hommes de l’autre, c’est-à-dire les éleveurs, eh bien cette classe politique n’a pas choisi son camp. Elle ne prend pas ses responsabilités».
 
Le parlement européen vient pourtant d’adopter un texte qui se veut moins contraignant…
«Oui c’est vrai. C’est un sujet que je connais bien, car il n’est pas arrivé tout seul. Au départ, nous n’étions qu’un petit nombre de parlementaires européens à vouloir remettre le loup au centre du débat. Et puis on a réussi à montrer un groupe spécifique sur les prédateurs. Car il y a le loup, sujet que l’on connait bien en Saône-et-Loire et en Bourgogne. Mais il y a aussi l’ours. On a travaillé pour arriver au résultat qui a été voté. Même si je ne suis plus député européen depuis un an, cela ne m’empêche pas de suivre le dossier ! Comprenez bien qu’il a fallu plus de deux ans pour arriver à ce résultat, avec ce vote qui est une avancée».
 
Le Rassemblement National a crié victoire, mais vous avez une autre lecture. Laquelle ?
«C'est facile ! Ce n’est pas parce que l’on crie victoire que l’on fait avancer les dossiers. Je m’explique : En France il faudra une pression des parlementaires. C’est le combat que l’on menait, notamment avec Rémy Rebeyrotte. Il ne suffit pas de dire, il faut faire. Nous on a validé ou fait valider un plan. Mais cela ne suffit pas…»
 
C’est-à-dire ?
«J’attends des parlementaires en général et des députés en particulier, que désormais ils prennent leurs responsabilités. Avec des actes. Pas avec des mots. Car désormais chaque Etat pour adapter et faire évoluer sa réglementation. Ce n’est pas en allant dans les cours de fermes pour pleurer avec les éleveurs touchés par le loup, que l’on fait avancer les choses et que l’on calme les colères qui, à juste titre, continuent de monter… Il faut agir !»
 
Vous considérez que la Saône-et-Loire est un département à part ?
«Contrairement à ce que l’on veut nous dire ou nous faire croire, le loup n’apporte rien à la biodiversité. Car franchement qu’apporte-t-il à la biodiversité quand, en Saône-et-Loire et en Bourgogne notamment, il s’attaque à des ovins et à des bovins. Où est la biodiversité dans les moutons attaqués, dans les bovins mutilés jusqu’au plus profond de leur chair ? 
Aujourd’hui il faut se mettre en ordre de bataille pour le réguler le loup et préserver les éleveurs. L’objectif de la réintroduction du loup a été largement atteint. Il ne faut pas se faire dépasser, ne pas laisser s’installer une situation qui deviendrait incontrôlable. Cela ne sert à rien de dépenser de l’argent pour faire des protections ici ou là. Les questions sont ailleurs. Il faut s’attaquer au problème avec courage. Et c’est en ce sens que les parlementaires ont un rôle à jouer. Pleurer sur le sort des éleveurs ne suffit pas. Il faut agir. Et vite !»
Recueilli par
Alain BOLLERY


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