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01/06/2022 03:17
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François Bayrou : «Si on regarde la situation nationale, européenne et internationale, les risques, pour la France, sont absolument considérables»

Il est inquiet François Bayrou. Inquiet à l’idée que le Président de la République ne disposes pas d’une majorité. Dans son viseur les propositions de Jean-Luc Mélenchon et de la NUPES et celle de Marine Le Pen. Ce qu’il explique dans une longue interview. Il ne cite pas le leader de la France Insoumise et du Rassemblement National, mais c’est tout comme. Il n’épargne pas les médias qu’il accuser d’hystérisation.



Venu pour soutenir les candidats de la majorité présidentielle, François Bayrou s’est rendu à Paray le Monial, ce mardi en fin de matinée. Il y a présidé une réunion publique, avant de reprendre la direction de la gare TGV, en compagnie de Vincent Chauvet, le Maire d'Autun. Un accident sur la RCEA, à Montceau les Mines (lire notre article) l’a contraint à rester deux heures de plus en Saône-et-Loire. L’occasion d’accorder une longue interview à creusot-infos, en lieu et place de deux ou trois questions, comme cela avait été initialement convenu.

Cette campagne, vous la trouvez atypique ?
FRANCOIS BAYROU : «Elle est en tout cas inquiétante sur un point…»
 
…Lequel ?
«C’est une campagne où si on regarde la situation nationale, européenne et internationale, les risques sont absolument considérables pour la France. La France est un pays très fracturé, on l’a vu à l’élection présidentielle. Très fracturée entre la base et le prétendu sommet qui pour moi n’est pas très élevé. La base ne se reconnait pas dans beaucoup des décisions des responsables. C’est d’une grande fragilité.
Et en même temps les risques qui viennent en provenance de l’Ukraine, de la Chine, ou du Moyen Orient, sont plus graves qu’aucun de ceux que nous avons vécus depuis la seconde guerre mondial ! Et on n’a pas l’impression que les électrices et les électeurs soient persuadés de la gravité de la situation.
Dans le même temps on a des proposition  politiques qui sont purement et simplement mensongères ou menaçantes».
 
Vous pensez auxquelles ?
«L’idée que la France pourrait sortir de l’Union Européenne en refusant d’obéir aux décisions prises par l’union, ou qu’elle pourrait sortir de l’OTAN faisant ainsi à Poutine, le cadeau le plus inespéré que l’on puisse imaginer… Ou encore que l’on puisse supprimer les bacs (brigades anti criminalité de la Police), désarmer les policiers et les gendarmes, supprimer la surveillance aux frontières de l’union européenne, ou relancer la guerre avec l’école privée… Avec tout cela on se prend la tête dans les mains et on dit : qui peut accepter un risque comme cela, dans le moment que nous vivons».
 

«C’est probablement l’élection la plus déterminante depuis la guerre»

 
Et pour vous il y a ce risque ?
«On voit bien qu’un grand nombre d’électrices et d’électeurs se détournent ou sont un peu indifférents, alors que c’est probablement l’élection la plus déterminante depuis la guerre».
 
Vous craignez que le Président de la République n’ait pas de majorité ?
«Dans une élection il y a toujours à craindre. Je ne sais pas si on se rend compte des conséquences qu’auraient certains votes. C’est ça qui me frappe».
 
Quand vous voyez les oppositions s’emparent de ce qui s’est passé au stade de France, cela vous inspire quoi ?
«Je dis que le climat dans le pays est un climat constamment explosif. Et pardon de dire cela, les médias jouent un rôle très important dans l’hystérisation. Je le dis partout. A Paris comme en province…»
 
Et que vous répond-on ?
«Je pense que l’hystérisation dans les médias est elle-même accélérée par l’hystérisation des réseaux sociaux»
 
Vous êtes pour leur encadrement ?
«Comme je ne crois pas que c’est possible, je ne réponds pas. Je comprends l’indignation de ceux qui se font insulter. Simplement on voit bien le cadre juridique. Il y a des puissances considérables qui défendent leurs intérêts en défendant l’anonymat. Ils recherchent des abonnés à leurs réseaux et à leurs sites».
 

«Un univers d’une extrême violence, dominé par l’impunité»

 
Légiférer c’est possible ?
«Ca sera très difficile. Je veux bien l’examiner… Mais il y a plus grave que cela. Le harcèlement sur internet fait des victimes, fait des petits filles et des petits garçons qui se suicident, des adultes qui se suicident. C’est un univers d’une extrême violence, dominé par l’impunité».
 
Vous faites campagne inlassablement…
«Je le fais pour que la France ait une majorité, pour que ce soit stable»
 
On est en Saône-et-Loire dans le berceau du nucléaire. Le Président de la République a eu raison de relancer le programme ?
«J’ai rendu un rapport au plan qui a joué un rôle très important dans le changement d’état d’esprit à l’égard du nucléaire. Et je m’en félicite. Le nucléaire, c’est le seul moyen de produire de l’électricité sans émission de gaz à effets de serre. Et que la France ait repris un rôle leader, non seulement cela me satisfait, mais je trouve que c’est bienfaisant».
 
Le plan c’est aussi les grands travaux. Vous avez pris la RCEA dont la mise à 2x2 n’est pas terminée. Le conseil départemental, avec d’autres collectivités, a convaincu l’Etat d’un plan d’accélération. Il faut le démultiplier sur d’autres sujets ?
«Bien sûr que oui. C’est le cas de tous les problèmes. Comme celui de la sécurité. Il doit être partagé entre le local et le national. Entre le proche et l’autorité centrale. Moi je suis pour que Police Municipale et Nationale travaillent ensemble. Il faut les coordonner. C’est ce que je fais dans ma ville de Pau, avec 60 policiers municipaux pour 80.000 habitants. Ca se passe très bien. Le fait qu’il soit en liaison radio permanente est important pour la sécurité des gens».
 
Votre avis sur la suppression du point de permis retiré pour des excès de vitesse de moins de 5 km/heure ?
«Je suis très partagé sur ce point. Ce qui compte ce n’est pas tant la décision, que la signification que les gens vont attribuer à la décision. J’ai peur que ce ne soit un signal, au fond, de laxisme. Que ce soit interprété comme un signal de laxisme».
 
Vos trois mesures prioritaires pour le pouvoir d’achat ?
«Indexation des retraites sur l’inflation. Soutien aux ménages les plus en difficultés. Il ne faut pas des mesures qui touchent tout le monde, de la même manière les riches et les pauvres. Il faut que les mesures soient ciblées sur les publics les plus en difficultés.
Et enfin le maintien d’une capacité de maîtrise de l’énergie».
 
Vous êtes aussi pour la différenciation des allocations familiales ?
«François Hollande s’est trompé en suppriment leur universalité. J’ai publié un rapport sur la démographie au plan. Dans un département comme la Saône-et-Loire, la question de la démographie est vitale. Je suis pour qu’on ait une politique qui favorise la natalité. Que la France retrouve sa capacité de renouvellement des générations et donc inter classes».
 
Recueilli par Alain BOLLERY
 

En soutien des candidats de la majorité présidentielle

C'est pour soutenir les candidats de la majorité présidentielle, que François Bayrou s'est rendu ce mardi en Saône-et-Loire. A commencer par Laurence Gauthier, candidate dans la 2ème circonscription, celle du Charolais - Brionnais. Louis Marguerite, candidat sur la circonscription Chalon - Montceau, était également présent à Paray le Monial.