L’incendie à la centrale électrique de Gueugnon a été le révélateur de drôles de pratiques dans le quotidien départemental.
Comment peut-on annoncer, à la une de son Web, que l’on a mis en ligne à 17h25, un article sur l’incendie à la centrale électrique de Gueugnon et la méga panne d’électricité qui a suivi, alors même que les pompiers ont été appelés à 17h39 et qu’ENEDIS annonce que la panne électrique a débuté à 17h42…
Si nous posons cette question, c’est parce que le quotidien départemental, le JSL, a réalisé cette prouesse. Vous direz : Comment cela est-il possible ?
C’est assez simple en fait et cela nous a déjà été expliqué par quelques confrères, un peu penauds, quand on leur fait remarquer que l’on voit surgir des articles, de toute évidence antidatés de quelques minutes, ou plus…
C’est ainsi que l’on a déjà vu par le passé, un journaliste annoncer sur le web, qu’un accident avec coupure de gaz était arrivé vingt minutes avant qu’il ne se soit produit.
En fait, le «sport national», consiste de façon assez régulière, à créer des articles, pour n’avoir à y ajouter que le titre, quelques lignes de texte et une photo… Et ainsi faire croire que l’on a été le premier à publier l’information sur le web. Sauf qu’à trop vouloir, parfois on se prend les pieds dans le tapis.
Si nous nous permettons aujourd’hui, 8 décembre, fête des lumières, de pointer du doigt cette pratique peu recommandable, c’est d’abord parce que les éléments fournis par la Préfecture de Saône et Loire et par ENEDIS ont attesté qu’à 17h25 il ne s’était encore rien passé à Gueugnon.
Mais aussi et surtout, non sans ironie, parce que ce jeudi 7 décembre, avec tambour et trompette, le groupe EBRA, auquel appartient le JSL, a annoncé triomphalement être le premier groupe de presse français certifié internationalement : En obtenant la certification «Journalism Trust Initiative (JTI) initiée par Reporters sans frontières.
Dans l’article publié par le quotidien dans son édition du 7 décembre, il était écrit, dans les premières lignes : «En adhérant à la labellisation Journalism Trust
Initiative (JTI), le groupe EBRA, officiellement certifié JTI depuis mercredi, confirme son engagement en faveur d'un journalisme d'excellence et d'une transparence dans les médias et appuie davantage l'importance d'une presse responsable, respectant les standards éthiques et déontologiques de l'information». Avec ensuite une affirmation : «Information fiable, libre et indépendante».
Il n’aura donc pas fallu 24 heures après cette publication, pour que la déontologie portée en étendard soit piétinée.
On peut s’en amuser, on peut en sourire, on peut le regretter. Mais le constat est là. Et il montre que derrière les bonnes intentions, que nous saluons volontiers, la réalité est parfois cruelle.
Pour terminer par une note d’humour, comme on sait que Messmer, le roi de l’hypnose, sera à Chalon sur Saône, le 17 avril prochain, on doute qu’il soit derrière cette manipulation…
Attention, il ne s’agit pas se mettre tout le monde dans le même sac. Mais le respect du public et des lecteurs demande un peu plus de déontologie. Surtout quand on dit la porter la main sur le cœur.
Alain BOLLERY