André Accary et Fabien Bazin, respectivement présidents des conseils départementaux de Saône et Loire et de la Nièvre, se sont retrouvés à Bibracte, pour signer une convention d’avenir. Très loin des guérillas politiciennes.
Il faut se souvenir qu’en septembre 1985, alors que François Mitterrand, alors président de la République était venu pour sanctuariser le Mont Beuvray site national, René Beaumont, alors Président UDF du conseil général de Saône-et-Loire, avait piqué une colère dont il avait le secret. Le Beuvray était alors présenté comme une terre exclusive de la Nièvre.
On est pourtant aux confins des deux départements de la Saône et Loire et de la Nièvre. Et là où Vercingétorix avait réunifié les Gaulois, André Accary, président du conseil départemental de Saône et Loire et Fabien Bazin, son homologue de la Nièvre, se sont retrouvés jeudi matin, dans le musée de Bibracte, pour signer une convention qui lie les deux départements pendant cinq ans. C’est-à-dire au-delà de l’élection de 2028.
«Nous avons la volonté d’unir et de renforcer nos forces pour le tourisme, pour l’attractivité. Mais travailler aussi, par exemple, sur le sujet des séniors, ou sur les services départementaux d’incendie et de secours. Par exemple pour les achats, pour les matériels, pour les fluides. L’idée est de réaliser des économies», avance d’abord André Accary. Il parle aussi de la voirie, avec un maître mot : Mutualiser. Car, rappelle-t-il : «En Saône et Loire, comme dans la Nièvre, on n’a pas de métropole. Dans nos départements, nous avons donc des défis différents. Par exemple sur la question de la vieillesse il est important de savoir s’associer, pour créer des dynamiques».
Fabien Bazin se place dans la même logique de l’efficacité : «Depuis 20 ans, 30 ans, on nous évoque la disparition des départements. Mais on voit bien l’importance des départements, avec les transferts de compétences, alors que les compensations attendues de l’Etat ne sont pas là !»
Le Président du conseil départemental de la Nièvre plaide pour le pragmatisme et l’efficacité : «Nous avons pris exemple sur la Saône et Loire pour créer notre centre départemental de santé, avec quatre implantations, mais aussi un centre solidaire, avec des médecins qui se succèdent. On sait que cela a un coût pour le département. Mais le centre de santé à vocation à se développer ailleurs».
André Accary ajoute : «Le Président des départements de France encourage à partager les bonnes pratiques, les bonnes expérience. Avec la Nièvre, on veut aller plus loin». Et l’élu ne manque pas de tacler le Ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, qui a accusé les collectivités au sujet du déficit, «alors que l’on a participé aux économies avec les transferts de compétences, sans compensations. Le dernier transfert en date, au mois d’août, pour les oubliés du Ségur, c’est 2,4 millions d’euros pour la Saône et Loire. C’est pour cela que nous voulons mutualiser tout ce qui peut l’être entre la Saône et Loire et la Nièvre, pour les habitants, pour les équipes, pour les services».
Fabien Bazin poursuit : «Je rappelle que l’on ne peut pas financer le fonctionnement par de la dette. Mais nous avons une capacité à imaginer et à inventer». Il dénonce la politique de santé, avec le numérus clausus : «Il n’y a pas de salles et pas de profs. Il faudrait que l’Etat soit au rendez-vous et il ne l’est pas».
Face aux risques pour la forêt morvandelle avec la sécheresse, les deux départementaux travaillent ensemble depuis 2023. «On avait prédisposé du matériel quand les risques étaient importants».
Sur plein d’autres sujets, les deux départements veulent donc aller plus loin. C’est le sens de la convention qui a été signée.
Alain BOLLERY