
L'INSEE note que «si les Jeux olympiques et paralympiques ont entraîné un regain de
croissance durant l’été, le climat économique demeure marqué par
l’incertitude».
Le climat économique et politique incertain pèse sur l’activité en Bourgogne-Franche-Comté. Ainsi, les défaillances d’entreprises restent élevées au cours du troisième trimestre. Le taux de chômage augmente légèrement, en parallèle d’un nombre d’inscrits à France Travail sans aucune activité en nette augmentation.
L’emploi salarié industriel se dégrade et atteint un niveau historiquement bas dans l’automobile. Il diminue encore dans l’intérim et la construction.
Toutefois, le niveau global de l’emploi reste toujours élevé, maintenu par un dynamisme dans le secteur public. Le nombre de créations d’entreprises se stabilise. Enfin, les frontaliers sont encore plus nombreux.
L’atonie du marché de l’emploi persiste
Si les Jeux Olympiques et Paralympiques ont entraîné un regain de croissance durant l’été, le climat économique demeure marqué par l’incertitude. La forte inflation de 2022 et 2023 influence toujours les comportements d’achats, avec un taux d’épargne qui peine à baisser. De plus, le flottement généré par les élections législatives et le coût encore élevé des crédits affectent également durablement le climat des affaires.
Dans ce contexte, l’investissement des ménages, comme des entreprises, peine à repartir. Dans la région, cette situation se traduit par une activité dans le secteur privé atone au troisième trimestre. Mesurée par les heures rémunérées, celle-ci n’évolue pas au cours des douze derniers mois. Les hausses dans le tertiaire ne compensent presque plus les baisses d’activité dans l’industrie et la construction.
Ainsi, au troisième trimestre 2024, les effectifs salariés en Bourgogne-Franche-Comté sont quasi stables, avec 996 400 emplois (+0,1 %). L’atonie de l’emploi dans la région persiste donc, comme c’est le cas depuis début 2022. Au niveau national, l’emploi augmente légèrement (+0,2 %). Dans la région comme en France, le secteur privé évolue peu alors que le secteur public gagne des effectifs.
La formation en alternance n’est plus un moteur de créations d’emploi. Elle s’infléchit en 2023 puis recule depuis l’été 2024 sous l’effet de la diminution de la prime exceptionnelle de l’apprentissage, après avoir contribué à environ un tiers de la hausse de l’emploi entre fin 2019 et fin 2022 en France. Le climat de l’emploi n’est pas non plus favorable avec des chefs d’entreprises qui suggèrent une progression moindre de leurs effectifs.
Au troisième trimestre, la Côte-d’Or, le Jura et la Saône-et-Loire gagnent des emplois. La Côte-d’Or bénéficie particulièrement du dynamisme des services non marchands. La Saône-et-Loire est le seul département de la région où l’emploi industriel augmente, grâce au développement de sa filière nucléaire.
Les services non marchands toujours à la hausse
Les services non marchands, en croissance régulière depuis début 2023, poursuivent leur progression au cours du troisième trimestre (+0,3 %). Ce secteur reste ainsi le principal soutien au marché de l’emploi. Les effectifs augmentent plus particulièrement dans la santé (+0,8 %).
Après un an de baisse, l’emploi salarié dans le commerce se stabilise. Toutefois, le nombre d’intérimaires dans ce secteur progresse nettement, de 7,5 %.
Dans les services marchands hors intérim, l’emploi se maintient après une légère diminution au trimestre précédent. L’hébergement-restauration progresse ce trimestre de 1,2 %. En revanche, le transport et l’entreposage perd des effectifs pour le troisième trimestre consécutif, après un rebond fin 2023. En parallèle, l’emploi intérimaire diminue de 8,7 % dans ce secteur.
La construction peine à rebondir
La construction, tout comme les activités immobilières, demeure en crise. Ces deux secteurs perdent des emplois depuis fin 2022, période à laquelle les taux d’intérêt du crédit ont fortement augmenté. Le repli de ces taux amorcé au premier semestre 2024 ne produit pas encore d’effet notable.
D’ailleurs après un rebond au deuxième trimestre, le nombre de permis de construire chute à nouveau et retombe au niveau observé mi-2023. Ainsi au troisième trimestre, un peu moins de 2 000 logements ont été autorisés à la construction, soit 40 % de moins qu’en 2022, période favorable pour le secteur. Les mises en chantier de logements restent particulièrement faibles depuis fin 2023. Leur nombre atteint 1 800 ce trimestre, soit une baisse de plus d’un tiers comparé à la moyenne de 2022.
L’emploi industriel en repli ce trimestre
L’emploi industriel recule de 0,5 % ce trimestre. Dans ce secteur, l’intérim se replie également de 0,9 %. Les effectifs chutent fortement dans la fabrication de matériels de transport. Après un rebond lié à des embauches en contrat court au trimestre précédent, l’emploi dans ce secteur atteint son plus bas niveau historique dans la région.
Les tissus productifs du Doubs, du Territoire de Belfort et de la Haute-Saône, très dépendants de cette industrie, perdent ainsi des emplois.
L’emploi diminue également dans la fabrication d’autres produits industriels, pour le deuxième trimestre consécutif. Les gains dans l’industrie agro-alimentaire, en croissance depuis fin 2023, et dans la fabrication de biens d’équipements, ne permettent pas de compenser ces pertes.
Le nombre de travailleurs frontaliers demeure à un niveau haut
Au troisième trimestre 2024, 48 100 Bourguignons-Francs-Comtois occupent un emploi en Suisse. Le nombre de frontaliers au sein de la région reste ainsi élevé mais progresse un peu moins ce trimestre, +0,3 %. Avec un taux de chômage au sens du BIT de 4,5 % au troisième trimestre 2024, le marché du travail suisse reste fortement demandeur de main-d’œuvre en raison du vieillissement de ses actifs. Il permet aux frontaliers de bénéficier de salaires élevés. Sur un an, le nombre de frontaliers continue d’augmenter nettement (+2,5 %), soit près de 1 200 travailleurs supplémentaires.
Ce trimestre, le nombre de frontaliers continue de progresser dans les cantons du Jura suisse, de Berne et de Genève (+0,8 à +1,9 %). Il stagne dans les deux plus importants cantons suisses employeurs dans la région, Vaud et Neuchâtel.
Les travailleurs frontaliers habitent principalement dans les départements limitrophes. 71 % résident ainsi dans le Doubs, 16 % dans le Jura et 10 % dans le Territoire de Belfort. Dans ce dernier, le nombre de frontaliers progresse (+2,1 %) mais il est stable dans le Doubs et dans le Jura.
Légère hausse du chômage
Au troisième trimestre 2024, le taux de chômage augmente légèrement dans la région (+0,2 point) alors qu’il est quasi stable en France. Il concerne 6,7 % de la population active de Bourgogne-Franche-Comté contre 7,4 % en France. La Bourgogne-Franche-Comté est la troisième région française la moins touchée par le chômage, derrière les Pays de la Loire et la Bretagne.
Le taux de chômage évolue peu ce trimestre dans la majorité des départements de la région. La Côte-d’Or, le Doubs et le Territoire-de-Belfort affichent la même progression qu’au niveau régional, + 0,2 point. Avec 9,0 %, le Territoire de Belfort demeure le seul département de la région où le taux de chômage est plus élevé qu’au niveau national. À l’inverse, le Jura (5,4 %) et la Côte-d’Or (5,9 %) restent les plus épargnés de la région.
À un niveau géographique plus détaillé, un tiers des zones d’emploi de la région connaissent une hausse du chômage sur un an. Il est stable dans les autres zones. La zone d’emploi de Beaune demeure la moins exposée de la région au chômage avec un taux stable de 4,3 %. La zone d’emploi de Montbéliard a le taux de chômage le plus élevé de la région (10,3 %), en hausse de 0,4 point sur un an.
Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité augmente nettement
Au troisième trimestre 2024, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail sans aucune activité (catégorie A) marque une accélération dans la région (+1,1 %) par rapport au trimestre dernier. Au niveau national, la progression est nettement plus contenue (+0,2 %).
Sur un an, la hausse atteint 2,1 % dans la région. Elle touche plus nettement les hommes que les femmes (+3,6 % contre +0,6 %), et plus les 25-49 ans (+2,4 %) que les seniors. Ces difficultés d’insertion sur le marché du travail sont plus marquées qu’au plan national, notamment pour les 25-49 ans dont le nombre de demandeurs d’emploi est en baisse en France.
Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A est en hausse dans tous les départements à l’exception de la Saône-et-Loire. Ce constat est valable en glissement trimestriel comme annuel. La hausse est particulièrement notable ce trimestre dans le Territoire de Belfort (+1,7 %) et dans le Doubs (+2,5 %).
Pour l’ensemble des catégories (A, B, C), la région compte 196 000 inscrits à France Travail. Cet effectif est stable par rapport au trimestre précédent.
À l’exception de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, la fréquentation hôtelière est en baisse dans l’ensemble des départements de la région. Ce recul est particulièrement marqué dans les départements les plus touristiques de la région, notamment en Saône-et-Loire (-7 %).
Avertissement sur les demandeurs d'emploi en fin de mois
Une expérimentation d’accompagnement renforcé vers l’emploi des bénéficiaires du RSA (BRSA) a été initiée en avril 2023 dans 18 territoires puis étendue en mars 2024 à 29 nouvelles zones, portant à 47 le nombre de territoires concernés (au niveau national) par l'accompagnement rénové des bénéficiaires du RSA. Elle conduit à enregistrer progressivement à France Travail l’ensemble des BRSA de ces territoires.
Fin septembre 2024, cette expérimentation concerne environ 41 700 personnes dont 27 400 sont comptabilisées comme demandeurs d’emploi. Les effets du déploiement de cette expérimentation se poursuivront jusqu'à la fin de l'année 2024.
Des informations complémentaires sont disponibles sur la dernière publication Ouvrir dans un nouvel onglet Dares Indicateurs.
Une baisse de la fréquentation pour la clientèle non résidente
Au troisième trimestre 2024, les hébergements collectifs de tourisme de Bourgogne-Franche-Comté enregistrent 5,2 millions de nuitées. Ce nombre est en légère baisse par rapport à 2023 (-0,2 %), moindre toutefois qu’au niveau national (-1,6 %). Les nuitées sont aussi en baisse dans les hôtels de la région. En revanche, elles augmentent légèrement dans les campings et les autres hébergements touristiques. Après une hausse de la fréquentation en août, les nuitées ont chuté de près de 10 % en septembre par rapport à l’an dernier, conséquence d’une météo pluvieuse en cette fin de trimestre.
Dans la région, le léger recul des nuitées s’accompagne d’une moindre fréquentation des touristes non résidents de 44 000 nuitées, tandis que celle des résidents reste stable. D’une part, les Britanniques ont été moins nombreux à séjourner dans la région avec une fréquentation en baisse de 12 % par rapport à l’été 2023. D’autre part, bien que les touristes néerlandais soient venus plus nombreux, leurs séjours ont été plus courts.
Au sein de la région, la fréquentation touristique augmente en Côte-d’Or, dans le Jura, en Haute-Saône et dans le Territoire de Belfort ce trimestre. Avec 4,5 % de nuitées supplémentaires, la Côte-d’Or enregistre la plus forte hausse. Elle a pu bénéficier de l’impact de deux étapes du Tour de France au mois de juillet.
C’est également le seul département de Bourgogne-Franche-Comté où les nuitées augmentent dans les hôtels. Le retour des touristes chinois y contribue, ces derniers séjournant presque exclusivement dans ce type d’hébergement. Bien qu’encore loin de son niveau d’avant crise sanitaire, leur fréquentation augmente de 79 % dans ce département ce trimestre par rapport à l’année précédente.
Des défaillances d’entreprises toujours à un niveau élevé
En cumul sur douze mois, le nombre de défaillances dans la région s’élève à 2 223 entreprises au troisième trimestre 2024, contre 1 844 un an plus tôt, soit une hausse de 20,6 %. Cette forte progression sur un an résulte d’un effet de rattrapage après le recul des défaillances en 2020 et 2021. Toutefois, l’augmentation du nombre de défaillances est moins marquée ce trimestre, +1,5 % contre +5,2 % au dernier trimestre.
Au troisième trimestre 2024, 8 433 entreprises ont été créées en Bourgogne-Franche-Comté, en légère baisse par rapport au trimestre précédent (-0,3 %). La baisse est plus forte pour les entreprises classiques que pour les micro-entreprises,-0,5 % contre -0,3 %. Cependant, en glissement annuel, les créations d’entreprises classiques sont plus dynamiques que celles de micro-entreprises, +5,6 % contre +3,3 %.
Les services marchands concentrent toujours près d’une création sur deux. Le nombre de créations dans ce secteur a néanmoins diminué au troisième trimestre (-2,5 %). La baisse des créations de micro-entreprises de 4,6 % explique cette évolution. À l’inverse les créations d’entreprises classiques sont en hausse (+1,9 %).
Les secteurs du « commerce, transport, hébergement et restauration » et de l’industrie sont en hausse, de respectivement +2,5 % et +1,6 %. Les créations sont portées par une forte hausse des micro-entreprises tandis que les entreprises classiques sont en baisse.
Contexte international - Dans la zone euro, la reprise s’essouffle déjà
Au troisième trimestre, la zone euro a connu une croissance en trompe-l’œil (+0,4 % après +0,2 %). Si la vigueur de l’économie espagnole ne se dément pas, l’activité est restée à l’arrêt en Italie et en Allemagne, tandis qu’elle a accéléré en France sous le seul effet des Jeux Olympiques et Paralympiques.
Sur le continent européen, la reprise qui s’esquissait depuis le début de l’année 2024 s’essouffle déjà et la convalescence se prolonge. Le contraste est frappant entre la morosité du Vieux Continent et l’insolente santé de l’économie américaine, où la croissance se maintient à un rythme élevé (+0,7 % à l’été après +0,7 % au printemps).
Contexte national - L’activité suspendue à un regain de confiance
Au troisième trimestre 2024, l’activité a accéléré en France (+0,4 % après +0,2 %), portée par le soutien ponctuel, de l’ordre de 0,2 point de PIB, des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris (JOP).
La demande intérieure a augmenté grâce à la progression de la consommation des ménages et au dynamisme sans faille de celle des administrations, alors que la baisse de l’investissement s’est poursuivie.
Le commerce extérieur a légèrement pesé sur l’activité : les importations ont reculé, mais les exportations plus encore, en particulier pour les produits manufacturés. En prévision, l’activité marquerait le pas au quatrième trimestre 2024 (0,0 %) par contrecoup des Jeux Olympiques et Paralympiques, puis croîtrait faiblement au premier semestre (+0,2 % par trimestre). L’acquis de croissance pour 2025 à mi-année serait modeste à +0,5 %.
Mathéo Bourgeois, Bénédicte Piffaut, Hélène Ville (Insee)
Communiqué