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> Bourgogne Franche comte > BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE
11/04/2023 03:17
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Bernard Lacour : «La lutte est inégale, car on est dans un système qui protège plus le loup que nos éleveurs»

Président de la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Bernard Lacour, éleveur charolais, interrogé par creusot-infos, ne mâche pas se mots. Il parle de la menace que le loup fait planer sur l’avenir de l’élevage. Il appelle les parlementaires à prendre leurs responsabilités. Car pour lui, la réponse ne peut être que politique.
Que vous inspirent les récentes attaques du loup, sur des bovins, au Breuil, aux portes du Creusot ?
BERNARD LACOUR : «Pour les éleveurs, qu’il s’agisse d’attaques contre les moutons ou contre les bovins, cela ne change rien. Le préjudice est aussi fort, car le loup s’attaque au fruit du travail de nos éleveurs. Mais on a de quoi être très inquiet…»
 
Pourquoi ?
«Les attaques contre les charolaises et les charolais, et il ne s’agit pas de jeunes veaux, cela veut dire que tout notre département peut être touché. C’est pour cela que c’est très inquiétant. Je salue donc la réaction très rapide du Préfet qui a autorisé les tirs de défense dès samedi. Et je salue les louvetiers. Voilà des gens qui ont accepté, dès samedi soir, de sacrifier leurs nuits du week-end de Pâques, alors qu’ils auraient sans aucun doute été beaucoup mieux en famille…»

 
Comment en est-on arrivé là ? Comment en est-on arrivé à voir le loup attaquer aux portes des villes et des zones habitées ?
«On paye les conséquences d’une politique décidée en 1992, au niveau de l’Europe, avec par voie de conséquence, son application chez nous en France. Très clairement, il y a 30 ans, les choix politiques ont été de protéger le loup au détriment des éleveurs. Avec peut être, sans le dire, la volonté d’avoir moins d’éleveurs. C’est le cas, puisqu’on a de moins en moins d’éleveurs».
 
Le mal est profond ?
«Oh que oui. On se retrouve dans une situation très compliquée, jusque chez nous en Saône-et-Loire. Les éleveurs sont de plus en plus désespérés. Ils sont désemparés. Et il y a de quoi. Il faut le dire : Ils ont passé l’hiver dans leurs stabulations à s’occuper de leur bétail, à vivre leur passion de l’élevage, avec la volonté de pouvoir proposer de la viande de qualité à nos concitoyens. Et voilà que leurs bovins sont attaqués par le loup. Ils sont aussi meurtris que leurs troupeaux. Ils ne peuvent pas être dehors toutes les nuits pour surveiller leurs troupeaux. C’est une situation incroyable, inacceptable…»
 
Que voulez vous dire ?
«La lutte est inégale, car on est dans un système qui protège le loup. Oui qui protège plus le loup que nos éleveurs. Comment peut-on l’accepter ? Comment ne pas réagir ? On peut tous comprendre la légitime colère des éleveurs».
 
Que préconisez vous ?
«Depuis 1992, tous les politiques, tous partis confondus, puisqu’il y a eu des alternances, ont finalement laissé faire. S’il n’y a pas une rapide remise en cause du plan loup, alors ça va être destructeur pour nos éleveurs dont je salue le travail. Mais face au loup qui est protégé, leur combat est inégal, je le répète.
Si on ne réagit pas aujourd’hui, ça sera quoi, quelle sera la situation en 2035. La réponse sera politique ou ne sera pas. On voit aujourd’hui les conséquences d’une politique décidée il y a 30 ans, pour faire plaisir à des écolos. Il faut aujourd’hui tirer les conséquences de cette politique désatreuse. Aux parlementaires de réagir et de reprendre la main. Il faut le faire vite, avant qu’il ne soit trop tard.
La vie est déjà difficile pour nos éleveurs, alors si en plus ils doivent gérer le loup, ça va devenir extrêmement compliqué. Car il faut être lucide, le fruit de notre travail est en train de nous échapper. On ne peut pas accepter que nos éleveurs travaillent avec la boule au ventre, qu’ils ne dorment plus. Ne pas accepter qu’ils finissent pas être découragés. Et puis je voudrai aussi que l’on nous explique, que l’on nous démontre en quoi le loup est bon pour la biodiversité…»
Recueilli par Alain BOLLERY

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