Le Président du conseil départemental de Saône-et-Loire était jeudi au rang des invités du Président de la République pour les annonces du plan contre les feux de forêts. Dans une interview, André Accary, qui a été l’auteur d’un rapport pour les Départements de France, réagit aux annonces d'Emmanuel Macron.
Avez-vous le sentiment d’avoir bien conseillé le Président de la République au regard des annonces qu’il a faites ce vendredi ?
ANDRÉ ACCARY : «Ce serait très prétentieux. La vérité c’est qu’avec Jean Luc Gleyze nous n’avons pas été les seuls aux départements de France à réaliser un rapport et à formuler des recommandations»
Quel est votre premier sentiment ?
«Déjà que c’était une bien belle cérémonie car personne n’a été oublié. Le Président de la République avait invité les Présidents des départements qui ont été sévèrement touchés par les feux de forêts, les SDIS, mais aussi des délégations de pompiers dont une trentaine de la Gironde… En fait tous les acteurs et les personnes qui ont été concernés, dont les Maires des communes qui ont subi de plein fouet les incendies… C’est très bien pour concerner tout le monde».
Vous êtes satisfait des annonces face à l’urgence que vous avez mise en relief ?
«Tout ne va pas se faire d’un claquement de doigts. Le Président a bien relevé qu’il y a besoin d’une prise de conscience à l’échelle du territoire, qu’il faut plus de moyens, qu’il faut une organisation territoriale. Nous sommes convaincus qu’il faut informer et former. C’est un mouvement de fond dont on a besoin. En ce sens je salue l’annonce d’une grande campagne de recrutement pour les volontaires.
Je le répète tout ne se fera pas d’un claquement de doigts. En Saône et Loire il nous a fallu trois ans pour former 500 pompiers aux feux de forêts. Les investissements en matériels que nous avons lancés, il nous faudra deux ou trois ans pour voir les véhicules arriver…
Le Président de la République a annoncé que le nombre de Canadairs sera porté à 16. C’est suffisant ?
«C’est mieux que 12 puisque cela va augmenter la capacité d’un tiers. Ça va dans le bon sens. Peut être qu’à terme cela ne suffira pas»
Et pour le positionnement des appareils ?
Le Président a ouvert le débat. C’est bien. Il faut entendre les acteurs et leur faire confiance.
Qu’est ce qui est le plus à vos yeux ?
«Le plus important pour moi, finalement c’est vraiment la prise de conscience que l’on est vraiment dans un changement climatique. Il n’y a qu’à voir la météo en ce mois d’octobre. Les territoires doivent s’adapter. Et s’il n’y aura pas forcément de grands feux de forêts en 2023 ou en 2024, on sait qu’ils vont revenir et que pour les combattre il faudra des moyens. C’est pour cela qu’il faut faire évoluer les moyens. Alors les annonces du Président de la République sont un premier pas. Un premier pas significatif».
Avez-vous échangé avec Emmanuel Macron ?
«Oui après son intervention, on a échangé. Je lui ai dit que notre rapport, va dans le même sens que les autres et que son constat. Oui il faut s’adapter partout. J’ai insisté sur la formation, sur l’information et sur la pédagogie. On a tous un rôle à jouer pour le grand public. Y compris à notre niveau, dès le collège. Il faut clairement parler des zones à risques pour mieux prévenir les risques. En ce sens, j’ai d’ailleurs particulièrement apprécié l’annonce du Président de la République sur la mise en place d’une météo locale. Cela va dans le bon sens. Cela peut paraitre simple vu de l’extérieur, mais oui il faut convaincre qu’en période de risques on ne peut pas faire des barbecues partout. Sur nos territoires, sans doute qu’il faudra interdire certains espaces en période de risques importants. J’ai bien noté que le Président de la République a parlé de ce qui a été fait pour sauver ce qui a été sauvé sur des territoires, des communes. L’action des pompiers, avec parfois le soutien des agriculteurs, a été formidable».
«Non. Mais la question viendra rapidement sur le financement et la contribution des assurances. C’est incontournable».
Recueilli par Alain BOLLERY