
Le Président du Conseil Régional Auvergne Rhône Alpes est venu chasser, jeudi, sur les terres de Saône et Loire. Il a facilement mis les agriculteurs et éleveurs dans sa poche, en expliquant comment, simplement, il a versé les subventions européennes aux jeunes agriculteurs. Il en a mis quelques couches, aussi, sur le loup, les écologistes, les médias, les technocrates, déplorant que «les minorités ont pris le pouvoir sur le politique».


On dit que «faute avouée est à moitié pardonnée»… Mais pour la majorité de gauche du Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté, il faudra attendre. La Présidente Marie-Guite Dufay a eu beau faire son mea-culpa, devant les journalistes, mardi en conférence de presse, la colère est toujours vive chez les agriculteurs et les éleveurs et notamment pour les jeunes agriculteurs qui attendent les subventions de l’Europe pour, par exemple, construire des bâtiments.
C’est le cas de Clément Blanchard. Sur la route de Génelard, bien après la sortie de Charolles, il est spécialisé dans l’élevage charolais. «Je fais 120 vêlages par an», dit il. Son souci numéro un ? «Les retards pris par la région pour verser une subvention de 70.000 euros, pour un investissement de 170.000 euros dans un nouveau bâtiment». Clément Blanchard annonce que le dossier qu’on lui a demandé à la Région cumule 189 pages. Je l’ai réalisé avec quelqu’un de la chambre. Tout seul, franchement, c’est impossible».
Clément parle aussi des charges qui ont pris 30% en deux ans. Mais ce qui le préoccupe c’est surtout l’investissement du nouveau bâtiment qu’il a lancé en 2022 et pour lequel il n’en finit plus d’attendre la réponse du Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté».
Accueilli par la Députée Josiane Corneloup, le Sénateur Fabien Genet, mais aussi André Accary, président du Conseil départemental, Laurent Wauquiez acquiesce. «Si on continue on va tuer notre agriculture», dit-il. Il a entrepris un tour de France qui passe donc par la Saône et Loire. Oui il est en campagne pour les Présidentielles. Mais il a des choses à dire, même s’il est venu pour écouter…
«Quand il y a trop de questions, c’est pour torpiller les projets»
Il a passé de 30 à 120 millions d’euros le budget consacré à l’agriculture en Auvergne Rhône Alpes. Il connait la situation des éleveurs de Saône et Loire et n’hésite pas à tacler : «Il y a une crise profonde en Bourgogne – Franche-Comté. C’est une situation très inquiétante». Il se propose de donner des documents pour faire avancer les choses. Car lui il a distribue les subventions de l’Europe. Pourquoi et comment ? «Nous avons simplifié les procédures pour qu’elles ne soient pas une contrainte pour nos agriculteurs. Nous sommes sur des forfaits calculés sur la base des surfaces des constructions», dit-il, assurant vouloir défendre le bon sens !
«Il n’y a pas de fatalité. Nous on ne demande pas de diagnostic. On demande juste çà nos agriculteurs si c’est pour produire».
Laurent Wauquiez se veut accusateur : «Quand il y encore et toujours des questions, c’est pour torpiller les projets, pour décourager les agriculteurs. Moi mon objectif ce n’est pas de les écœurer !»
Frédéric Brochot suggère le rattachement de la Saône et Loire à Auvergne Rhône Alpes…
Les agriculteurs venus l’écouter, dont Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture, et Bernard Lacour, président de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, approuvent.
Devant l’évidence, Frédéric Brochot, éleveur et vice-président du conseil départemental, obtient un joli succès quand il demande si la Saône et Loire peut demander son rattachement à la Région Auvergne Rhône Alpes.
S’il a osé cette demande, c’est bien parce qu’il sait que les dossiers arrivent au compte-goutte à la Préfecture de Saône et Loire et que les jeunes agriculteurs n’en peuvent plus d’attendre.
Ils l’ont dire pendant la crise agricole, les éleveurs et agriculteurs de Saône et Loire, ont le «sentiment d’être maltraités par la Région».
Bernard Lacour met le doigt sur une des conséquences : «Avec cette situation, comment voulez vous que des jeunes aient envie de reprendre des exploitations agricoles. Chez nous, les relations avec la grande distribution ça peut aller, car il y a des contrats».
Il demande : «Comment on travaille sur la traçabilité , pour que le consommateur sache ce qu’il achète. On est dans l’opacité !» Concernant les retards pris par la Région, Bernard Lacour est catégorique : «Le risque c’est que des projets s’arrêtent».
Laurent Wauquiez met en relief le travail des chambres. Avant d’expliquer, exemples à l’appui, ce qui porte énormément préjudice à l’agriculture française : «Avec les repas à 1 euro dans les cantines, on sait que ce n’est pas avec de la viande française. Et du coup on écœure ceux qui travaillent !»
«On a besoin de vous pour nourrir la population»
Il élargit le sujet : «Il faut combattre l’assistanat, car on écœure la France qui travaille !»
Interpellé au sujet de l’Europe et de la tentation de fermer les frontières, Laurent Wauquiez avertit : ««Si on supprimer l’agriculture européenne, vous êtes tous morts»
Et il démontre : «La population mondiale augmente et il y a de moins en moins de terre où cultiver. Ici, en Saône et Loire, on a besoin de vous pour nourrir les populations. Moi j’ai besoin de la viande charolaise de Saône et Loire à Lyon». Il en profite pour tacler Michel Edouard Leclerc : «Ce qu’il fait ce n’est pas bien. Il est irresponsable. Car un bon produit, cela a un coût. Quand il a voulu baisser le prix du bio, il lui a porté un coup».
Laurent Wauquiez veut combattre la fracture entre les villes et les campagnes : «Pourquoi y a-t-il deux fois plus de dotation globale de fonctionnement pour un habitant de Paris, que pour un habitant de Charolles», dit il en s’adressant notamment à Pierre Berthier, son Maire. Celui-ci ne peut qu’approuver.
De même, interpellé par Christian Decerle sur le développement rurale, Laurent Wauquiez lance : «Vous êtes un modèle avec la race charolaise. Ne baissez pas la tête». Christian Decerle poursuit : «Merci d’avoir entreprise un tour de France, car c’est en revenant sur la terre que l’on peut être efficace. Les paysans ont besoin de considération. Il méritent mieux qu’une administration hostile à une forme d’agriculture».
«Ne laissez pas le loup s’installer»
Laurent Wauquiez profite de la perche tendue et dénoncer : «Les minorités ont pris ler pouvoir. 85% des Français sont derrière les agriculteurs trop souvent montrés du doigt par les médias au nom de l’environnement. C’est comme cela que l’on affaiblit notre agriculture et que l’on favorise les importations de viande qui ne répond pas aux mêmes exigences que chez nous. L’administration a dérivé et pris le pouvoir sur le politique et je le dénonce. Je ne finance plus les associations extrémistes et je l’assume».
Le Président de la Région Auvergne Rhône Alpes dit encore : «L’agriculture est le miroir de tous les problèmes de la France. Je souhaite la suppression de l’Office Français de la Biodiversité». Il le met en accusation face à la prolifération du loup. «Ne laissez pas le loup s’installer dans votre département. Il faut le tirer dès qu’il est là. Car si une meute arrive ou se met en place, c’est trop tard !»
Alain BOLLERY
(Photos Alain BOLLERY)




























