Communiqué :L’Agence de l’Eau Rhone Méditerrannée prépare le futur SDAGE 2028-2033 en se concentrant sur 2 enjeux majeurs : Placer l’eau au cœur de l’urbanisme et s’adapter au changement climatique. …
Ce jeudi 9 octobre 2025 s’est réuni à Genlis la Commission Géographique Saône Doubs où les responsables de l’Agence de l’Eau ont proposé de travailler à la préparation du Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) 2028-2033 en ateliers sur 2 enjeux majeurs. Pascal Blain, représentant de France Nature Environnement et vice-président de cette instance de la démocratie de l’eau qu’est la Commission Géographique Saône Doubs au titre des usagers non-économiques est intervenu au moment de l’accueil des participants pour rappeler 3 idées fortes.
Le moment est venu de vivre dans les limites de notre planète.
La France, comme ses voisins en Europe, reste accrochée à une croissance non durable, important des matières premières et consommant plus de trois fois sa juste part des ressources planétaires. Le 29 avril de cette année, l'Europe avait déjà atteint son « Jour du dépassement de la Terre », le jour où notre consommation dépasse ce que notre Terre peut régénérer en un an en à peine 4 mois.
Nous avons besoin de toute urgence de politiques appropriées (dédiées, contraignantes, financées, mises en œuvre, appliquées) pour protéger et restaurer ces ressources vitales que sont les eaux, la faune, les écosystèmes – et en même temps, nous avons besoin d'une action de l'UE pour faire face à l’urgence climatique. La santé, l'économie, la prospérité et l'avenir de l'Europe en dépendent.
Le septième rapport de l'Agence européenne pour l'environnement, intitulé « Europe's environment 2025 », pointe que si des progrès ont été réalisés dans la lutte contre le changement climatique et la pollution, l'état général de l'environnement en Europe reste très inquiétant. La nature ne tient qu'à un fil : la plupart des tendances environnementales sont préoccupantes et posent des risques majeurs pour la prospérité économique, la sécurité et la qualité de vie de l'Europe.
Les eaux gravement polluées et l'aggravation des impacts du changement climatique s'avèrent être nos principaux défis. 81% des habitats, 39% des oiseaux et 62% des espèces non aviaires d'intérêt communautaire sont dans un état médiocre ou mauvais.
Les pressions exercées par les activités humaines sont en cause : l'utilisation des ressources des terres et des mers, la pollution, dont celle par les nutriments et pesticides issus de l'agriculture. 60 à 70 % des sols sont dégradés, la biodiversité s'effondre sous le poids d'une production et d'une consommation non durables. Les eaux européennes sont gravement contaminées, 62 % d'entre elles n'ayant pas un bon état chimique. Les résultats s'ajoutent aux preuves que l'agriculture intensive exerce une pression extrême et croissante sur nos eaux.
Des conditions météorologiques de plus extrêmes et dévastatrices ont coûté à l'Europe 738 milliards d'euros depuis 1980, dont un quart au cours des trois dernières années. Les coûts de la pollution deviennent également impossibles à ignorer.
Ce n'est pas le moment de revoir nos ambitions à la baisse. L'Europe a les politiques, les outils et un mandat public clair. Le court-termisme n'est pas une option : retarder l'action est beaucoup plus coûteux. Le moment est venu de construire un avenir où nous pouvons vraiment bien vivre, dans les limites de notre planète.
Restaurer et protéger les milieux aquatiques.
Alors que montent les tensions sur l’eau, les milieux ne peuvent plus servir de variable d’ajustement.
La Directive-cadre sur l’eau (DCE) a fixé en octobre 2000 la ligne à suivre : atteindre le bon état de chaque masse d’eau pour l’ensemble des États-membres. La date butoir a été fixée à 2015, avec toutefois des possibilités de report d'échéance ou d'objectifs moins stricts, sous réserve de leur justification, jusqu’en 2027. C’est demain !
Alors pourquoi malgré l'adoption de documents qui comprennent une partie opérationnelle via le programme de mesures et qui ont reçu l’agrément de toutes les parties (élus, acteurs économiques, monde associatif) sommes-nous au final loin du compte, voire en régression, sur le bon état ?
C'est la question essentielle à laquelle il faut répondre si on ne veut pas multiplier les exercices en épuisant toutes les parties faute de résultats !!!
Les ateliers du jour sont construits sur 2 thèmes :
- Les politiques d'aménagement du territoire : si les sujets de protection et de mise en valeur des milieux aquatiques ne sont pas pris en compte dans les documents de planification, c'est peine perdue !!
- Le changement climatique : les effets du changement climatique exercent une pression supplémentaire sur les milieux que seule la poursuite d'une politique volontariste de protection et de restauration des milieux permettra de diminuer. Mobilisons toujours davantage les solutions fondées sur la nature.
Préserver la démocratie de l’eau !
Pour conclure son intervention, le vice-président a insisté alors que nous assistons à un retour en arrière sans précédent sur toutes les politiques environnementales sur l’importance de préserver les Agences de l’Eau, les comités de bassin et toutes les instances locales de dialogue et d’intermédiation qui font vivre la démocratie de l’eau et l’engagement collectif pour nos communs. Ses derniers mots ont été « On a besoin de tout le monde pour avancer. Au travail ! » pour exhorter les participants à s’investir dans les divers ateliers.